mercredi 21 mai 2014

Wild Wide Web

Wild Wide Web


Nous vivons en harmonie dans un monde sauvage, sans autre loi que la Netiquette. Création, partage du savoir et échanges rythmaient nos jours et nos nuits. L'éclair dompté avait trouvé sa raison d'être. Des messages de paix filaient tout autour de la Terre, vifs comme la lumière, porteur d'espoir et de guérison. Mais aujourd'hui, voici qu'ils recommencent. Ils n'ont toujours pas compris ! Ceux qui nous traitaient hier de sauvages et calomniaient notre pays et nos coutumes sont les mêmes qui, aujourd'hui, nous copient, veulent nous chasser ou nous racheter. Les pères de leur pères bâtissaient leur fortune sur les cadavres de nos ancêtres et ceux des colons. Épidémies, eau de feu, fusils, poker, prostituées, usure pour les nouveaux immigrants, ils ne reculaient devant aucun stratagème. Comme disait un de leur adages : « Un bon indien est un Indien mort. » Après avoir, pendant des siècles, notre mère la Terre et asservi ses enfants, ils s'en prennent aujourd'hui aux territoires cybers. Ils arrivent sans nombre, le cœur empli des mêmes désirs avides qu'hier. La fièvre de l'or les brûles et l’appât du pouvoir les tourmente. Et ils appellent ça l'esprit pionnier !
Pour mieux se faire accepter par nos tribus et amadouer les nouveaux venus, ils utilisent nos codes, nos couleurs, nos mots, nos paysages familier. Ils s'achètent une noblesse avec des www en titre et des .com en particule. Dans leur villes de béton, les images publicitaire changent insidieusement. Ils placardent les murs d'images d'ordinateur, de signes pixelisés, de capture d'écran et d'icônes informatiques. Une ruse succède à une autre : ils remplace la trop parfaite plastique des femmes et des hommes aux corps nus par le visage blafard et familier d’internautes moyens. Le capot des voitures par celui es ordinateurs. Les paysages de mers chaudes et de palmiers par un coucher de soleil rouge façon Far West, sur lequel se découpent les montagnes rocheuses. Même leur Église cathodique se pare des attributs virtuels. Ils achètent pour quelques dollars nos noms de domaines pour nous les revendre un peu plus tard mille fois leur prix. Ils nous espionnent à notre insu et négocient à prix d'or leurs informations avec d'autres chiens de leur espèce. Sans nous avertir. Sans rien nous offrir en échange.
Ils profèrent des mots dont ils ignorent le sens : liberté, partage, réseau, art, sens, création, nouveau monde. Ils ont la langue fourchue. Ils nous disent : « Think different », mais eux pensent toujours pareil. Prendre. Prendre tout. A tout prix. Ils nous disent : « Bienvenue dans la vie.com. » Ils pensent plutôt : « Bienvenue dans ma boutique.com. » Car la vie n'a rien à voir avec leur petit commerce. Ils croient que la Terre leur appartient alors que ce sont eux qui appartiennent à la Terre. Ils débarquent et demandent : « A qui appartient cette Terre ? » Que répondre ? La Terre n'a pas de propriétaire, un nouveau-né sait cela. « Nous allons vous faire aimer l'an 2000 »: est-ce une menace ou un ordre déguisé ? A moins que ce ne soit vanité ou prétention ! En ont-ils seulement les moyens ? Quelles verroteries pourraient-ils agiter pour faire oublier le prix qu'ils nous font payer pour passer par leur réseaux ? Ils se frottent les mains, car le voyageur qui cherche son chemin ira au saloon, au drugstore ou au tripot de celui qui aura payé le prix fort. Ils sont cyniques. Ce qu'ils donnent d'une main, ils le reprennent d'une autre. Ils disent : « Devenez riches, tentez l'aventure, conquérez le nouveau monde ! » Mais dans la ruée vers l'or, les vendeurs de pelles gagnent toujours plus que ceux qui creusent, et les gagnants, ceux qui s'enrichissent vraiment, ce sont encore eux.
Leur cohortes de shérifs suspicieux nous épient et nous traquent dans l'ombre. Leur grand sorcier, le NSA (National Security Agency), a accouché d'un monstre. L'esprit mauvais d'Echelon plane sur la planète. Jour et nuit. Echelon ne connaît que les morts-clés qu'il veut bien entendre. Chaque message utilisant un de ces mots-clés est aussitôt intercepté, puis lu ou écouté. Alors, donnons-lui ces mots. Que tout les humains lui en donnent jusqu'à ce qu'il en crève ! Akawa.com qui est sage, réclame au président que justice soit faite ! Ils nouent des alliances monstrueuses. Bientôt leur sectes ne feront plus qu'un. De complots en complots, sont-ils assez fous pour imaginer un jour pouvoir prendre la place du Grand Esprit ?
Soyons donc vigilants : la toile pourrait s'avérer être celle de l'araignée. Elle attend. Elle sait que les mouches sont innombrables, comme les herbes sur la prairie où couraient les bisons.
Mais nous ne sommes pas des mouches.
Nous sommes des humains. Les derniers.

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