mardi 17 juin 2014

Souffle

Souffle



En sortant du concert de chant diphonique(1) « khöömii » du chanteur mongol Bayarbaatar Davaasuren, je sentais bien que je n'étais plus le même. Tout en marchant sous la voûte étoilée, un sentiment de plénitude m'envahissait ; cette jubilation que l'on éprouve enfant au contact des choses simples et essentielles : l'odeur de l'herbe mouillée, le chant des insectes nocturnes, le frisson né de la caresse du vent sur la peau. La joie dans la perfection d'être. Ici et maintenant. Je l'avais pourtant lu sur le programme, mais je n'y avais pas pris garde, pensant alors qu'il ne s'agissait que de mots : « Pour les Mongols, le khöömii est un chant sacré servant à rendre hommage à la splendeur qui les entoure. » Maintenant je comprends.
Dès que la première note, sortie de sa bouche, a rempli l'espace de la salle, le public, sous le charme, s'est envolé pour un voyage d'une heure et demie sans escale. Un petit Mongol sans âge, tout juste débarquée de sa steppe natale, seul sur scène, s'accompagnant simplement d'une vieille à deux cordes, connaissait le chant de la terre. Et nous, occidentaux nantis et technologiques, nous recevions bouche bée cette résonance universelle. Comme la ville asphyxiée sous un soleil de plomb attend la mousson, nous espérions, sans le savoir, ces gouttes sonores bienfaisantes.

Sevran 2014